Protection oculaire
Attention les yeux
Parmi les dangers dont il convient de se protéger au travail, ceux encourus par les yeux et les EPI les mieux adaptés aux différents types de risques demeurent relativement mal connus de nombreux revendeurs, acheteurs et utilisateurs, un état de fait préjudiciable à la croissance des ventes des systèmes de protection oculaire. Aux dires de la majorité de ses fournisseurs, ce marché stable en volume dont le potentiel de développement n’est cependant pas tari connaît toutefois une légère croissance en valeur, essentiellement grâce à la progression du segment des lunettes de protection correctrices de la vue.
Les accidents du travail touchant les yeux, malheureusement bien réels, ont toutefois une occurrence beaucoup plus faible que ceux concernant d’autres parties du corps comme les pieds ou les mains. C’est sans doute ce qui explique qu’en matière de prévention du risque au travail, la protection oculaire n’occupe pas le devant de la scène, y compris aux yeux des forces commerciales de fournisseurs souvent multi-spécialistes des EPI qui présentent ces produits aux revendeurs et entreprises utilisatrices en dernier lieu « s’il leur reste un peu de temps » déplore un fournisseur. Pourtant, ces EPI coûtant quelques euros seulement présentent par rapport à beaucoup d’autres systèmes de protection la caractéristique d’éviter l’accident de manière pour ainsi dire certaine, à condition bien sûr de porter la protection adéquate. Pour certains fournisseurs, le développement de ce marché repose en partie sur l’information, la première chose à faire savoir étant que les lunettes de vue classiques ne sont pas assimilables à des lunettes de protection, comme le pensent par erreur de nombreux porteurs de lunettes.
Prévenir les différents types de risques
La famille de la protection oculaire est segmentée en trois catégories de produits offrant une protection croissante vis-à-vis des risques encourus : les lunettes à branches, les lunettes-masques et les écrans faciaux (ou visières). Plus protecteurs et plus étanches que les lunettes à branches, les lunettes-masques, parfois équipées de branches mais le plus souvent, d’une tresse réglable, bénéficient d’une conception qui leur permet de ne pas tomber et d’éviter l’intrusion de poussières et liquides. Les visières qui offrent le plus haut niveau de protection à l’ensemble des risques, y compris ceux induits par le soudage à l’arc électrique, protègent l’ensemble du visage, depuis le haut du front jusqu’au cou, et pas uniquement les yeux. Les lunettes dites de prescription, correctrices de la vue, peuvent former une quatrième sous famille de produits, certains fournisseurs les intégrant cependant dans leur offre de lunettes à branches.
Chacune des grandes catégories citées se subdivise à son tour en différentes sous-familles en fonction de caractéristiques techniques qui les rendent plus ou moins adaptés à un type ou un niveau de risques. Ces risques dont protègent les EPI qui font l’objet de cet article relèvent également de trois catégories principales : les risques mécaniques, ceux qui sont dus aux projections de liquides (dont les produits chimiques) et les risques dus aux rayonnements (différents types d’UV de lumière naturelle ou artificielle, soudage à l’arc électrique…). Le risque thermique peut aussi être mentionné. Tous les EPI pour la protection oculaire, répondant aux exigences de différentes normes européennes, font l’objet de marquages spécifiques qui sont mentionnés dans un encadré de cet article faisant le point sur les types et niveaux de risques dont ils protègent les utilisateurs.
La sécurité en ligne de mire
Pour garder les yeux hors de danger, le choix du système de protection doit être dicté par son application et l’environnement de travail, eu égard notamment à l’intensité lumineuse. Pour prendre l’exemple des lunettes à branches, les plus portées des protections oculaires, « Certains modèles ayant une semi-monture (au-dessus des oculaires) ou une monture complète ont un look sportif et mode qui peut séduire, mais ces produits plus coûteux que de lunettes de protection à branches sans monture ne sont pas forcément les plus appropriés à certaines tâches, notamment dans l’industrie » explique un fournisseur.
On peut néanmoins mentionner l’importance accordée par les fabricants au « look » des lunettes de protection à branches, destinées comme nous l’avons déjà relevé aux risques les moins importants, qui seront achetées d’autant plus facilement que l’utilisateur aura plaisir à les porter, y compris en dehors des heures de travail. Toutefois, en matière de lunettes de protection, il faut se garder de confondre look et design, la forme du produit jouant un rôle important en matière de sécurité, les oculaires courbés épousant la forme du visage protégeant mieux l’œil.
Les matières utilisées pour la fabrication des produits sont elles aussi importantes. Un fabricant majeur sur le marché indique ainsi utiliser exclusivement des matières brutes pour la fabrication des oculaires de ses systèmes de protection oculaire car elles autorisent une qualité optique meilleure qui permet de porter les lunettes de longues heures sans subir les maux de tête que peut engendrer le port d’oculaires de médiocre qualité.
Un indispensable confort
Le confort est une notion essentielle en matière de protection oculaire car il conditionne le fait que l’utilisateur acceptera de porter des lunettes de protection des heures durant. C’est pourquoi les fabricants font porter leurs efforts sur la conception de lunettes qui, dans l’idéal, se font totalement oublier de ceux qui les portent, grâce notamment à leur légèreté. Sur ce dernier aspect, on indiquera que les lunettes de protection dont certaines ont un poids d’une vingtaine de grammes seulement sont équipées dans la quasi-totalité des cas d’oculaires en polycarbonate, une matière à la fois beaucoup plus résistante et légère que le verre minéral et dont l’épaisseur peut être réduite jusqu’à environ 2 mm. Autre atout de cette matière, le polycarbonate est capable de filtrer certains rayons UV, même en cas d’oculaires incolores.
La teinte de l’oculaire est précisément un autre paramètre important du confort de port des lunettes et, de l’incolore à la plus foncée, différentes nuances existent, adaptées aux diverses conditions de luminosité. Pour que les lunettes s’adaptent mieux au visage et soient ainsi plus confortables, elles peuvent être équipées d’un pont nasal (il en existe aujourd’hui à mémoire de forme) et de branches réglables (en longueur, en hauteur et en inclinaison) dont l’extrémité comporte parfois des embouts conçus pour éviter des pressions derrière les oreilles pouvant s’avérer désagréables à la longue. En évitant la formation de buée et celle de rayures, les traitements appliqués aux oculaires des lunettes à branches et lunettes-masques qui équipent aujourd’hui la très grande majorité des produits, pour ne pas dire la totalité de l’offre (surtout pour ce qui est de l’anti-rayures), influent eux aussi grandement sur le confort visuel. Pratiqués par trempage dans un bain (sur les deux faces de l’oculaire) ou par pulvérisation (généralement, sur l’une ou l’autre face), ces traitements permettant de conserver une vision nette dans certaines conditions d’utilisation font l’objet d’améliorations régulières visant essentiellement à les rendre durables dans le temps. Maintenir la facilité de nettoyage des oculaires ayant reçu un traitement anti-rayures est également recherché. Moins répandus, des traitements absorbant la lumière bleue naturelle ou artificielle en grande partie responsable de la fatigue oculaire peuvent aussi être appliqués aux oculaires.
Montée en puissance des lunettes de prescription
Différentes solutions, plus ou moins coûteuses, existent pour protéger des risques les yeux des utilisateurs nécessitant une correction visuelle. La plus économique consiste à porter des sur-lunettes au-dessus de lunettes de vue mais, ces produits étant peu esthétiques et peu confortables, le recours à cette solution est envisagé surtout pour des utilisations occasionnelles. Le positionnement d’un insert de correction amovible à l’intérieur de lunettes à branches ou lunettes-masques est une autre solution possible. Un peu plus sophistiquée, cette dernière possibilité n’égale toutefois pas en en confort d’utilisation le port de lunettes de prospection équipées d’oculaires corrigeant la vue. Connaissant depuis quelques années une réelle montée en puissance sur le marché des lunettes de protection, ces EPI pouvant corriger tous les défauts visuels à l’instar de lunettes de vue relèvent exclusivement de la catégorie des lunettes à branches. Ils sont proposés par certains fabricants qui, selon les exemples dont nous disposons, réalisent les oculaires correcteurs (qui peuvent subir tous les traitements des oculaires non correcteurs) dans leur laboratoire intégré, implanté en Europe presque toujours et très souvent en France, d’après les mesures réalisées par des opticiens partenaires sur prescription médicale. Pour des raisons techniques, les lunettes-masques et, a fortiori les visières, de même que les lunettes de soudage ne peuvent à ce jour être équipées d’oculaires de correction visuelle (pour pallier cette carence, certaines lunettes-masques et les visières sont compatibles avec le port de lunettes de vue).
Favoriser la rationalisation des achats
Le coût de la protection oculaire est bien sûr un élément qui joue un rôle dans le choix des acheteurs. Pour abaisser leurs coûts de production et diminuer les prix de vente, les lunettes sont souvent fabriquées par injection sans colle ni vis au cours d’un process de production raccourci et requérant des matières premières en nombre plus limité. Les produits à oculaire unique, injectés en une seule fois sans le découpage requis pour les lunettes à deux oculaires, ont un effet similaire sur le prix des produits de même que la polyvalence de certaines lunettes de protection (par exemple, une monture unique s’équipant d’oculaires interchangeables ou encore des lunettes à branches transformable en lunettes-masques par l’adjonction d’une mousse ou d’une tresse de maintien) qui allient aspect pratique, réduction du coût et allègement du nombre de références. Car les fournisseurs cherchent aussi à apporter une réponse aux acheteurs en matière de rationalisation de leurs gammes. Des technologies permettant à un produit de s’adapter à de nombreuses formes de visage ont ainsi été développées par les fabricants. Dans la familles des lunettes de prescription, des forfaits sont proposés qui évitent toute une déclinaison de modèles et de prix.
Concernant justement le prix des produits, extrêmement variable pour des EPI répondant aux mêmes normes, nous vous soumettons les fourchettes moyennes de prix publics hors taxes suivantes, établies d’après les chiffres indiqués par une dizaine de fournisseurs du marché : 3 à 8 e pour les lunettes à branches, 8 à 15 e pour les lunettes-masques et 10 à 25 e pour les visières. Nous précisons bien qu’il s’agit de moyennes (il existe sur le marché des produits dont les prix publics ht sont différents de ceux que nous indiquons) et que les lunettes de prescription, des EPI personnalisés par définition, ne sont pas concernées par ces estimations.
Hausse du CA attendue
La seule indication chiffrée dont nous disposons estime le marché de la protection oculaire à 18 Me, un chiffre qui nous paraît cohérent mais que nous livrons avec toutes les précautions d’usage. Tout le monde s’accorde à évoquer un marché extrêmement bataillé mené par le spécialiste Bollé Safety suivi, dans un ordre que nous ne pouvons pas déterminer de 3M, Honeywell Safety Products et Uvex, et très largement dominé par les ventes de lunettes à branches injectées à oculaires incolores traités. L’existence de deux niveaux distincts de qualité dans l’offre disponible sur le marché semble également faire l’unanimité.
Sur l’évolution probable du marché qui, comme de nombreux autres, attend une reprise économique pour enregistrer une véritable progression, les avis divergent parfois. C’est notamment le cas pour ce qui est du volume du marché dont certains fournisseurs pensent qu’il est parfaitement mature et d’autres, qu’il évoluera favorablement dans les années à venir, la proportion de professionnels non équipés de systèmes de protection oculaire étant encore non négligeable. En revanche, les fournisseurs évoquent dans leur ensemble une progression prévisible du CA du marché de la protection oculaire, lequel connaît une indiscutable montée en gamme et une forte progression des ventes de lunettes de prescription.
Neptune de Bouton Optical, une marque distribuée par PIP, est un modèle à branches inclinables avec oculaires incolores ou fumés traités antibuée et anti-rayures.
Les lunettes Stealth 9000 distribuées par Difac, traitées antibuée et antirayures, sont personnalisables (coloris et logos).
Les lunettes Uvex Sportstyle 9193 bénéficient de la technologie de revêtement uvex supravision extrême (anti-rayures et antibuée) pour une vision claire, durablement.
Lunettes Evarun de Singer traitées antibuée et anti-rayures (modèle existant en version teintée solaire).
Aso Clear de Delta Plus est un modèle équipé d’un pont nasal à mémoire de forme adaptable à toutes les morphologies.
Les lunettes Victor d’Infield Safety offrent une protection contre les projections ainsi que le soleil et l’éblouissement.
Ces lunettes à branches Lightlux (réf.62630) d’Euro Protection sont parmi les plus légères du marché (poids de16 grammes).
Equipées d’une technologie de branche à répartition de pression brevetée, les lunettes de protection 3M™ SecureFit ™ s’ajustent à tous les visages.
Aristo® Spec d’ESAB protège des impacts, des rayons UV, des IR et de l’éblouissement des rayons visibles (existe avec des oculaires clairs ou de teinte 3).
Ces lunettes de sécurité Honeywell (réf.SW09R) avec verres correcteurs existent en version branches ou bandeau.
Phantom de Swiss One Safety est un modèle équipé de branches anti-glisse pivotantes et réglables et d’oculaires à traitements renforcés anti-rayure et antibuée.