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janvier 2016

Les enduits de finition

En phase avec les tendances de fond

Si le marché professionnel des enduits de finition pour l’intérieur n’échappe pas à la conjoncture actuelle, il n’en continue pas moins d’évoluer pour apporter aux professionnels des solutions souvent à haute valeur ajoutée technique concernant la facilité d’emploi, le gain de temps et le confort d’application. Au-delà de sa capacité à préparer les fonds, l’enduit apporte même des fonctionnalités supplémentaires en phase avec les défis actuels du bâtiment.

L'essentiel du temps de travail d’un peintre, environ 90%, est consacré à la préparation du support, le restant étant dévolu à la mise en peinture ou à la pose du papier peint, à l’intérieur l’enduit étant dans la grande majorité des cas recouvert d’un revêtement de finition. Cette étape, ô combien cruciale, exige ainsi une certaine humilité de l’homme de l’art puisqu’elle se remarque surtout lorsqu’elle est mal réalisée. La qualité du rendu final dépend effectivement en grande partie du savoir-faire déployé lors de la mise en enduit du mur.

Impact des difficultés du neuf

Néanmoins, pas de préparation des fonds sans support. Ainsi, ce marché évalué traditionnellement autour de 100 millions d’euros, soit environ 120 000 tonnes (secteurs grand public et professionnel confondus) subit depuis plusieurs années la baisse des constructions neuves, ce secteur représentant plus de 60% de ses ventes. A fin juin 2015, force est de constater que la régression est toujours de mise même si le mouvement se ralentit, avec, selon la Capeb, une nouvelle baisse de 4% par rapport au trimestre précédant. Sur cette période, les mises en chantier de logements neufs accusent effectivement un retrait de 6,5%. Le secteur de la rénovation (-1%) est plus stable mais représentant environ 30% des ventes d’enduits, il ne réussit pas à compenser les régressions du neuf. Globalement, selon la Fipec, les ventes d’enduits dans le bâtiment sur le cumul annuel à fin juin 2015 sont ainsi en recul de 4,6%.

La distribution pour les professionnels, qui intervient tant sur le neuf que la rénovation, représente environ 70% des ventes. Le marché est détenu essentiellement par deux circuits, les négoces en matériaux (20%) et, bien entendu, les grossistes en décoration (80%), la préparation des fonds restant souvent, en France, du ressort du peintre. Ce dernier officie dès que l’entreprise générale ou le plaquiste a quitté le chantier. Si les grossistes en décoration proposent ainsi une gamme d’enduits large, répondant aux différentes problématiques se posant au peintre, les négoces en matériaux se centrent surtout sur l’enduit dit de rebouchage, utilisé par les entreprises générales du bâtiment pour effectuer par exemple une retouche après une saignée dans un mur, pour réparer des fissures ou remettre en état des angles cassés.

Poudre ou prêt-à-l’emploi

Sur le marché professionnel, les volumes se répartissent équitablement entre les enduits sous forme de poudre et ceux sous forme de pâte, ces derniers prenant l’ascendant.
Les enduits en poudre, que l’artisan dose lui-même en ajoutant de l’eau, sont composés d’un liant souvent à base de plâtre (90% des enduits intérieurs), complété par des charges minérales (sable) ou encore des résines qui permettent au produit de durcir. Par rapport à un produit standard, un enduit fortement chargé en résine peut contribuer à donner, après séchage, une finition très peu absorbante, permettant de réduire les consommations en peinture. Par ailleurs, sur un support dont le fond poreux est bloqué, déjà peint ou revêtu d’une sous-couche par exemple, la présence de résines favorisera l’adhérence de l’enduit. En effet, l’accroche sur un fond dit bloqué est moins forte que sur un support brut. L’eau contenue dans l’enduit avant le séchage a plus de mal à s’évacuer.

Il existe également des produits poudre à base de ciment, parfois additionnés de pigments, mais avant tout positionnés sur l’extérieur même si, évidemment, ils peuvent entrer à l’intérieur. De même, le marché compte des produits à base de chaux, ces derniers s’inscrivant surtout dans l’univers des enduits décoratifs ou pour la mise en œuvre des plaquettes de parement. La chaux étant un produit vivant, elle ne peut supporter d’être recouverte d’une peinture, cette dernière risquant de se dégrader rapidement.
Prêts-à-l’emploi, les enduits en pâte, sont utilisés notamment avec les systèmes mécanisables et se retrouvent essentiellement dans le neuf. En application manuelle, le peintre est réticent à y recourir. Non seulement, il a l’habitude de doser le produit à sa convenance et de disposer de la consistance qu’il souhaite mais l’enduit en pâte est aussi plus coûteux. Il ne convient pas, par exemple, pour la préparation d’une surface importante. En revanche, son côté prêt-à-l’emploi, sa durée de conservation et le fait qu’il ne génère pas de perte de produit peuvent être appréciés lors d’un emploi occasionnel, pour reboucher un trou par exemple.

Mécanisation dans le neuf

Si le mode manuel règne dans la rénovation, les systèmes mécanisés se retrouvent essentiellement dans le neuf. Il est difficile en effet de mettre en œuvre une machine sur un chantier de 15 m2, sans compter le temps de préparation du chantier (masquage...), de mise en place de la machine, puis son rangement à la fin de l’opération. Pour optimiser le temps de mise en œuvre mais aussi rentabiliser l’investissement de la machine, l’application mécanisée exige donc des surfaces importantes, plus répandues dans le neuf ou dans des programmes de réhabilitation conséquents.

Ce procédé fonctionne surtout avec des enduits prêts-à-l’emploi, formulés spécialement pour pouvoir être projetés de façon mécanique. Néanmoins, plusieurs formulations existent en fonction du type de machine même si des produits polyvalents, convenant aux différents systèmes ont fait leur entrée sur le marché.

Depuis une quinzaine d’années, les machines Airless enregistrent un constant développement face aux systèmes traditionnels à vis, plus bruyants et plus encombrants. Thermiques ou électriques, elles disposent d’une pompe hydraulique qui permet de pulvériser l’enduit avec précision, évitant une préparation du chantier laborieuse. De plus, le jet dépose une fine épaisseur d’enduit qui sera, alors, non plus ratissée mais écrasée en surface. Cette technique permettrait au peintre de gagner globalement 30% de temps au niveau de la préparation des fonds. Certains sont mêmes auto-lissants. Pour faciliter encore leur mise en œuvre et épargner au peintre de lourdes tâches de manutention, certains fabricants ont conçu des containers d’enduits de cinq cents kilos, restés en bas de l’immeuble et reliés directement à une pompe Airless par un tuyau.

Alternative au mode manuel et à la mécanisation, les enduits applicables au rouleau sont apparus récemment avec, aujourd’hui, différents concepts selon les marques. Certaines proposent un enduit pâte ou poudre à utiliser avec les outils traditionnels du peintre, d’autres un concept complet associé à des outils spécialement conçus à cet effet (rouleau, lisseuse...) de façon à en optimiser le résultat. Adaptées à la rénovation, ces nouvelles approches visent à proposer, à des peintres moins experts, un produit facilitant et générateur de gain de temps.

Rebouchage, égalisage, lissage

Quel que soit le procédé d’application, les enduits intérieurs se déclinent en trois grandes familles en fonction de la nature du travail à effectuer - rebouchage, égalisage et finition – bien que des produits combinant plusieurs fonctions aient fait leur apparition. Il existe également des enduits spécifiques pour le jointoiement, utilisés sur des petites surfaces pour, comme leur nom l’indique, jointoyer entre des matériaux de même nature ou de natures différentes.

Pas de surprise, les enduits de rebouchage sont destinés au rebouchage de trous et autres fissures. Leur formulation permet une application par couche épaisse sur des surfaces localisées. Toutefois, contrairement aux deux autres fonctions, les reboucheurs sont uniquement disponibles en application manuelle.

La granulométrie des enduits d’égalisage leur permet de rendre planes des surfaces dégradées ou irrégulières (petits creux, bosses, rayures...), sur des épaisseurs de deux à cinq millimètres. Une fois poncés, ils conviennent pour préparer les fonds en vue de la mise en œuvre de 80% des peintures du marché. Selon les marques, ces enduits peuvent également prendre le nom d’enduits de garnissage ou encore de dégrossissage. Si l’enduit de rebouchage privilégie l’absence de retrait et la facilité de ponçage, le confort d’application est davantage recherché pour l’égalisage qui intervient sur des surfaces plus importantes, avec le pouvoir garnissant, la possibilité de redoublement de la couche et bien entendu, là encore la facilité de ponçage.

S’appliquant en couches de moins d’un millimètre, l’enduit de lissage (ou encore de surfaçage, de finition) dispose d’une granulométrie très fine pour éliminer les petites imperfections avant la finition. Intervenant sur des surfaces qui peuvent être importantes, il joue la carte du confort d’application, certes, mais aussi de la finesse, de la blancheur, de la résistance à la détrempe. Il est utilisé dès lors que le peintre exige une surface impeccable, en vue de peintures à l’effet tendu. Des enduits gras à laquer, liquides, convenant pour la réalisation de finition extrêmement minutieuses et rendant possible ensuite l’application de peintures ou laques très fines, sont également disponibles.
 
Confort et gain de temps

S’échappant des notions de rebouchage, égalisage et lissage, les intervenants du marché ont lancé des enduits multifonctions (deux ou trois fonctions) œuvrant aussi en faveur du gain de temps puisqu’ils remplissent en un seul produit plusieurs étapes et sont faciles à appliquer. Cette approche se retrouve tant sur les produits à application manuelle que sur la mécanisation, en témoigne l’enduit à projeter Plak’Liss de Semin (sous-couche, enduisage, finition) qui permet un aspect tendu sans lissage.

La recherche de gain de temps et de productivité passe également par la durée du temps de séchage qui conditionne ensuite le temps de l’application finale. Depuis une douzaine d’années, sont apparus les enduits à séchage rapide, essentiellement sur le segment des reboucheurs, appliqués souvent en couches plus épaisses. Dotés d’un positionnement prix plus élevé qu’un enduit classique, ces produits répondent à des problématiques de reprises sur un chantier, permettant une mise en peinture deux à trois heures plus tard, selon l’épaisseur. Certains enduits pâte, allégés, sont même secs en trente minutes. En revanche, pour les autres types d’enduits, à l’épaisseur moindre et posés sur des surfaces plus importantes, le peintre a l’habitude de laisser un temps de séchage de 24, voire 48 heures. Un enduit sec au toucher ne l’est pas forcément à cœur. S’il est recouvert trop tôt, l’évaporation de l’eau ne s’effectue pas correctement et la décoration finale risque d’en pâtir.

Les produits deviennent également plus pratiques, avec par exemple la mise au point d’enduits à poussière maîtrisée qui s’appliquent à l’aide d’un rouleau et génèrent ensuite une poussière non volatile, cette dernière tombant au sol.

Environnement

Des produits respectueux de l’environnement, et par la même occasion de l’applicateur, complètent aujourd’hui les gammes, composés à base de matières premières naturelles (plâtre, poudre de marbre, argile, amidon, cellulose, gélatine...). Conformes à la norme des enduits de peinture NFT30-608, ils possèdent des qualités d’application et de finition comparables aux enduits classiques. Par ailleurs, les enduits intérieurs entrent dans le champ d’application du décret n° 2011-321 du 23 mars 2011 relatif à l’étiquetage des produits de construction, de revêtement de mur ou de sol, des peintures et vernis, sur leurs émissions de polluants volatils. Ils affichent ainsi un étiquetage allant de A+ à C, en fonction de leur taux de COV.

Au-delà du fond

Depuis quelques années, le segment des enduits dits techniques s’est également développé, conférant à l’enduit d’autres fonctions que celle de la préparation des fonds. Entrent dans cette catégorie des enduits permettant d’imperméabiliser le support, c’est-à-dire de bloquer l’humidité tout en laissant respirer le mur (salles de bains, cuisines, caves...). Grâce à l’évolution des technologies, l’enduit pourra s’inscrire dans un système d’isolation thermique par l’intérieur, disposer de propriétés bactéricides, offrir des solutions en terme d’isolation phonique et thermique, se poser comme barrières de protection contre les ondes électromagnétiques, etc. Déjà, tout récemment, la société Toupret a lancé la première gamme d’enduits qui capte entre 65 et 100% des molécules de formaldéhyde, ce qui lui permet de répondre aux enjeux d’amélioration de la qualité de l’air dans les établissements recevant du public, imposés par les Grenelles 1 et 2. 

AR



Enduit à pâte à projeter en phase aqueuse, Bagar Air de Beissier s’utilise sur tous types de supports maçonnés bruts (murs périphériques) par passes de 3 mm.

Semin Lisseur est un enduit de finition extra fin en poudre, particulièrement adapté à la préparation des fonds avant l’application de peintures haut de gamme.







Dernier né de la gamme Fassa Bortolo, Fassacouche est un enduit monocouche classé OC2 à base de chaux naturelle, ciment blanc, sables calibrés, pigments minéraux et adjuvants spécifiques.



 
Rualaix RX-301 de Baixens est un enduit intérieur polyvalent en pâte pour rénover, garnir et lisser.



Premier enduit monocouche en sac de 20 kg du marché français, l’enduit monocouche OC2 semi-léger Superbrut de PRB, s’emploie par projection mécanique et permet l’imperméabilisation et la décoration des murs intérieurs et extérieurs.


 


Pladur JF Finition est un enduit à séchage rapide, spécialement conçu pour effectuer les couches de finition des joints.





Proposée en application manuelle ou mécanisée, Saneo de Toupret est la première gamme d’enduits qui capte entre 65 et 100% des molécules de formaldéhyde.

 




Sous-enduit et enduit de finition traité dans la masse, Parexal de Parexlanko s’applique en restauration, en épaisseur réduite, sur tout type de maçonnerie ancienne.