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octobre 2009

L'étanchéité : les mastics et les mousses

Vers un renouvellement de l'offre

Produits phares pour l’étanchéité en rénovation ou en construction, les mastics et les mousses étaient jusqu’aux début de la crise en pleine expansion. Toutefois malgré la baisse de l’activité, ce marché se maintient et pourrait connaître d’ici un an un profond renouvellement avec le retrait à la vente libre des produits à base d’ isocyanatates (avec un taux de MDI supérieur à 0,1%) prévu pour fin 2010.

Les mastics sont utilisés pour réaliser des liaisons et pour reboucher des fissures. Ils permettent d’assurer l’étanchéité entre deux matériaux, de même nature ou non, mais aussi d’éviter la pénétration de l’air, de l’eau, des poussières et des contaminations bactériennes voire la prolifération des mousses.

Sur le marché, il existe deux familles de mastics : les mastics plastiques, par exemple les mastics acryliques, et les mastics élastiques à base de silicone, polyuréthane ou de
MS polymère. Ces deux catégories de produits se distinguent par leur reprise élastique après extension, propriété qui détermine le type d’application du produit. Si un mastic revient exactement à son état initial après extension, il dispose alors d’une reprise élastique de 100%. A l’inverse, s’il reste complètement retiré, sa reprise est de nulle. Les mastics acryliques ont une élasticité moyenne entre 6 et 15%. Une fois posés, ils sont donc parfaitement stables et peuvent donc être peints sans risque de craquement. Ils sont ainsi préconisés pour le rebouchage et l’étanchéité en intérieur. Les mastics de la famille élastique disposent d’une mémoire de forme et leur élasticité moyenne avoisine les 50%. Si leur mise en peinture est plus délicate, ils résistent aux rayons UV et sont donc parfaitement adaptés au rebouchage et à l’étanchéité en extérieur.

Les mousses pour le calfeutrement

Les mousses sont utilisées pour un rebouchage de qualité comme pour le calfeutrement ou l’isolation phonique.

Il existe deux types de mousses : les mousses avec expansion et les mousses sans post expansion. Ces dernières qui ne gonflent pas une fois appliquées, permettent un dosage plus précis du produit. Le rendement est ainsi supérieur d’environ 60% par rapport aux mousses avec expansion car il n’y a pas de surplus à couper après séchage. Depuis peu, des mousses sans post expansion avec mémoire de forme sont commercialisées. Contrairement aux mousses traditionnelles, elles suivent les mouvements de dilatation de la surface provoquée par les variations de température et ne craquent pas. Notons qu’à l’inverse des particuliers, les artisans optent majoritairement pour les mousses pistolables plutôt que manuelles. En effet, l’usage d’un pistolet permet d’arrêter l’opération et de la reprendre ultérieurement alors que pour une application manuelle, avec des aérosols à forte pression interne, il n’est pas possible de garder pas le produit plus d’une heure après ouverture et l’opérateur doit donc vider l’aérosol.

Poussée des mastics MS polymère

Le marché des mastics et mousses d’étanchéité est évalué à 200 millions d’euros, 80% pour les mastics et 20% pour les mousses. Dans le domaine des mastics, les silicones, avec une part de marché estimée à près de 60% en volume, dominent le marché. Ils suivent de près l’évolution du secteur de la rénovation qui reste toujours bien orienté, même en cette période de crise. Contrairement aux mastics à base de polyuréthane, 15% du marché, qui sont essentiellement utilisés pour réaliser du collage de matériaux, les mastics silicone sont les plus appropriés pour effectuer des travaux d’étanchéité. Les mastics acryliques sont quant à eux évalués à 10% de part de marché.

Ces trois premiers mastics conservent leurs positions sur le marché, à l’inverse des mastics MS polymères qui sont en plein essor. Lancés il y a une quarantaine d’année au Japon, ils ne sont présents sur le marché français que depuis le milieu des années 1990 et ont eu du mal à se démocratiser du fait d’un prix de vente élevé, environ quatre fois supérieur à celui d’un mastic acrylique. Aujourd’hui, ils bénéficient d’une croissance à deux chiffres et leur part de marché est aux alentours des 15%.

Vers un renouvellement de l’offre ?

Cette tendance favorable aux MS polymères devrait se confirmer. En effet depuis une dizaine d’années, les isocyanates présents dans les produits à base de polyuréthane sont suspectés d’être cancérogènes et font l’objet de précautions réglementaires émises par la Commission Européenne. Les mastics à base de polyuréthane et les mousses font donc l’objet de nouvelles réglementations, la dernière datant de janvier 2009. Applicables en décembre 2010, elles prévoient le marquage de la formulation « Effet cancérogène suspecté. Preuves insuffisantes » sur leurs aérosols ainsi que leur retrait des rayons. Ils ne seront donc plus en vente libre et devront être placés dans des armoires fermées à clé ou dans des locaux où les clients n’ont pas accès.

Les mousses et les mastics à base de polyuréthane vont donc souffrir d’un manque d’exposition et leurs ventes risquent de chuter. Pour pallier cette baisse, les fournisseurs essayent d’élaborer de nouvelles formulations intermédiaires sans isocyanates en essayant de conserver les avantages de ces molécules. Pour les mastics, le polyuréthane est à l’origine de la propriété de collage et les nouveaux produits ne disposent pas encore des mêmes propriétés. Les ventes risquent donc de se répercuter vers les mastics MS polymère et sur de nouvelles mousses dont la formulation devrait être proche de ces mastics.


Vers la fin des cartouches ?

En ce qui concerne le conditionnement des mastics, les fournisseurs proposent une alternative aux cartouches. Il est possible de trouver dans la distribution professionnelle des mastics conditionnés en poche qui peuvent s’utiliser avec des pistolets mixtes poche-cartouche. Contrairement aux cartouches, les poches perdent du volume lors de l’extraction du produit. Les chantiers sont donc moins encombrés et restent plus propres.