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juillet 2011

Les malaxeurs

Mélange d’opportunités

Encore peu représentatifs il y a une dizaine d’années, les malaxeurs connaissent aujourd’hui un fort engouement de la part des professionnels. Que ce soit grâce à la baisse des prix pour les versions électroportatives ou à l’ajout de nouvelles fonctionnalités pour les modèles stationnaires, les ventes ne cessent de progresser si bien qu’aujourd’hui ces machines représentent un produit d’avenir qu’il convient, tant pour les distributeurs que pour les loueurs, de considérer comme des incontournables.

Les malaxeurs, communément appelés mélangeurs sont préconisés pour mélanger des préparations entre elles afin d’obtenir un produit homogène. Ils sont munis d’un bloc-moteur et d’un mandrin sur lequel vient se fixer une voire deux pales dont la géométrie varie selon la texture souhaitée. Au sein des négoces matériaux et des loueurs, il existe deux familles de malaxeurs : les versions électroportatives et les machines sur châssis, chacune étant destinée à des applications et à des secteurs professionnels précis.

Malaxeurs électroportatifs

Les malaxeurs électroportatifs sont préconisés pour mélanger du plâtre, de la colle à carrelage, des bandes de joint pour plaques de plâtre ou d’autres produits prêts à l’emploi principalement utilisés dans le secteur du second-œuvre. Leur puissance varie généralement entre 900 à 1 700 watts selon les modèles, les capacités de malaxage pouvant atteindre 60 à 70 litres. En terme d’équipement, la majorité des malaxeurs électroportatifs intègre un variateur de vitesse. Ce système offre la possibilité à l’utilisateur de démarrer le mélange avec une faible rotation de la pale afin de limiter l’entrée de bulle d’air dans le mélange et d’obtenir un rendu parfaitement homogène.

Au sein de la distribution professionnelle, le cœur des ventes s’effectue sur les machines d’environ 1 100 watts – il existe des modèles de 1080 watts – une puissance qui autorise le brassage jusqu’à 35 kg de matière sans risquer d’endommager le moteur. Elles conviennent principalement aux artisans qui réalisent de nombreuses opérations de ragréage. Au-delà de cette puissance palière, les mélangeurs sont considérés comme des produits techniques qui répondent à une utilisation précise. Par exemple, les versions de 1 300 watts, catégorie qui affiche également des ventes conséquentes, sont essentiellement préconisées pour malaxer du plâtre. Du fait de sa grande viscosité, ce produit nécessite en effet un couple restitué important pour éviter que la pale ne se bloque lors du fonctionnement et entraîne une surchauffe du moteur. Grâce à la variation de ce couple, ce type de machine peut aussi servir aux étancheurs lors de la préparation de résines époxy dont les composants requièrent un brassage vif mais à faible vitesse.

Les TMS, un argumentaire de vente

Si les avancées technologiques relatives à l’électronique ne cessent d’évoluer pour permettre aux malaxeurs électroportatifs de bénéficier de couples toujours plus importants, même à des vitesses de rotation basses (150 tours/minute contre 250 auparavant), le marché n’a pas subi d’innovations marquantes ces dernières années. Notons toutefois l’arrivée depuis cinq à dix ans de poignées latérales qui ont favorisé la prise en main des produits. En effet, jusque-là, toutes les machines s’apparentaient, dans leur design, à des perceuses à percussion avec une poignée placée dans la lignée de l’appareil et une poignée latérale située au-dessus du mandrin. L’ajout d’une seconde poignée latérale a ainsi permis aux opérateurs de travailler en position droite et donc de prévenir l’arrivée de TMS au niveau du dos.

Toutefois, certaines machines à forte puissance utilisées pour mixer des préparations d'épaisseur importante sont encore dessinées selon les anciens modèles, l’opérateur risquant, avec le nouveau design, de tourner avec la machine ce qui provoquera inévitablement des lésions musculaires.

Outre une nouvelle prise en main, les fabricants se sont également penchés sur la maniabilité de l’outil. Progressivement, ils ont intégré des cages métalliques de protection autour des poignées latérales qui, outre le fait de participer à l’absorption des vibrations lors de la mise en marche, servent de butoir pour permettre à l’utilisateur de poser la machine à même le sol sans risquer de voir le moteur rentrer en contact avec les poussières des substances à malaxer.

Un incontournable de l’électroportatif

Aujourd’hui, le marché des malaxeurs électroportatifs s’apparente à un marché de masse qui pèse, chaque année, plus de trente mille unités commercialisées chez les négoces matériaux (source fournisseurs). Cette formidable poussée est principalement liée à l’arrivée, il y a quelques années, de produits d’importation asiatique qui, de par leur prix et leurs performances de plus en plus « professionnelles » ont largement contribué à démocratiser le malaxeur, autrefois concurrencé par les perceuses. Pour réaliser leur mélange, les professionnels ont en effet souvent délaissé les malaxeurs au profit de ce type d’appareils qu’ils équipaient alors d’une pale bénéficiant du même emmanchement qu’un foret. Bien que cette pratique soit encore fréquente chez les professionnels (les artisans multi-spécialistes notamment), il convient de préciser que le malaxage requiert un équipement bénéficiant d’un rapport vitesse-puissance spécifique au risque de détériorer le moteur de l’outil lors d’utilisations prolongées.

Concrètement, aujourd’hui, les négoces matériaux peuvent proposer deux types d’offre, à savoir d’un côté les machines d’importations dont le prix de vente dépasse rarement 150 euros, et de l’autre les malaxeurs issus de fabricants européens qui, du fait de leur savoir-faire, bénéficient d’une profondeur de gamme répondant à toutes les applications avec des prix pouvant atteindre 500 euros. Néanmoins, si ces deux catégories d’outil ont pleinement leur place dans les linéaires, il revient au chef de rayon d’orienter le client en fonction de ses attentes. Même si les malaxeurs d’entrée de gamme se sont fortement améliorés, les versions « européennes » présentent un avantage de choix avec un SAV aisément accessible. Le malaxeur est devenu un top vente de la famille électroportatif au même titre que les perforateurs, les scies ou les scies circulaires.

Stations de malaxage

Pour mélanger une plus grande quantité de matière, de 60 à 750 litres, tout en bénéficiant de performances adaptées (vitesse de rotation, puissance du moteur, restitution du couple…), il est conseillé aux professionnels de se tourner vers les stations de malaxage. A l’inverse des modèles électroportatifs, ces machines sont construites autour d’un châssis qui intègre une cuve dans laquelle l’opérateur vient plonger la tête pivotante (et amovible) du malaxeur sur laquelle est fixée la pale. L’utilisateur n’a donc pas à porter la machine et bénéficie d’un confort de travail plus important tout en bénéficiant d’une stabilité accrue garante de sécurité au travail. Grâce à leur puissance, qui varie de 1 500 à 2 500 watts, ces stations sont idéales pour réaliser des préparations de gros-œuvre et de construction comme le mélange de micro-béton jusqu’à huit millimètres de granulométrie. Les modèles équipés d’une cuve inférieure à 120 litres, soit 90 litres de rendu final, sont toutefois le plus souvent utilisés pour réaliser du second-œuvre pour la préparation en très grande quantité de plâtre, enduit, colle…





Un marché d’avenir ?

Contrairement aux versions électroportatives, les malaxeurs sur châssis sont placés sur un marché de niche (souvent méconnu des distributeurs) qui est rythmé par le renouvellement d’achat des professionnels. Il est malgré tout en développement même si les ventes se font de façon encore trop irrégulières. Par exemple, les ventes de stations d’une capacité de 750 litres ont été dopées par l’arrivée de nouveaux matériaux comme les mortiers à base de chanvre ou la démocratisation de la chaux qui nécessitent souvent une grande quantité de matière, une parfaite homogénéité et une viscosité précise du mélange. Grâce à leur contenance, leur rapidité et leur confort d’utilisation, ajoutés à la possibilité de les coupler avec une machine à projeter pour offrir une solution deux en un, ces équipements suscitent un réel intérêt de la part des professionnels, ce qui offre de belles perspectives de croissance pour les distributeurs.

Concernant les innovations, si les fabricants ne cessent de faire progresser techniquement les machines, les principales évolutions portent sur la fonctionnalité des produits. En effet, depuis peu, les opérateurs peuvent travailler du béton via l’ajout de pales spécifiques avec une station de malaxage. La distance entre la cuve et le bord de la pale a ainsi été augmentée pour résister à la viscosité du produit tandis que le moteur s’est vu équiper d’une double rotation (sens horaire et inverse) permettant de dégager les cailloux susceptibles de bloquer la pale. De ce fait, les malaxeurs sur châssis peuvent, selon la fréquence d’utilisation, remplacer les bétonnières et s’inscrire comme un produit phare des négoces matériaux mais aussi des loueurs, notamment ceux qui bénéficient d’une clientèle majoritairement issue de la maçonnerie.

Nicolas Desbordes