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avril 2013

Editorial

Une occasion de perdue

Finalement, tout ne va pas si mal dans notre beau royaume de Navarre. Nous sommes en effet si riches que nous ne savons plus où mettre notre argent, ce qui nous pousse, bien contre notre gré, à en stocker chez des pays amis comme la Suisse. Et si quelqu’un était bien placé pour savoir que nos coffres sont déjà remplis à ras bord, c’était bien notre ministre du budget qui a dû se résoudre, comme d’autres, à utiliser des coffres helvétiques plutôt que parisiens. Il ne faut pas s’étonner dès lors que nous plongions dans un déficit sans fond puisque tout notre excédent d’argent, potentiellement disponible, a dû s’exiler hors de nos frontières.

Il y a manifestement là un grave problème d’organisation. Pourquoi ne pas construire des coffres de plus grande dimension qui pourraient accueillir tous nos billets et pièces et servir de réserve pour les dépenses courantes et le remboursements des dettes ? Si j’étais Président de la république française, sous réserve d’être au courant de la situation, c’est sans nul doute la première décision que j’aurais prise une fois arrivé au pouvoir. Outre le fait de régler sans coup férir notre problème de dette, cela aurait pu redonner un coup de fouet salutaire à l’industrie française. Florange aurait fabriqué l’acier et Aulnay l’aurait façonné, sans compter les multiples travaux confiés aux sous-traitants.

Mieux, en créant une véritable filière, nous aurions même pu réactiver d’anciennes friches industrielles laissées à l’abandon et attirer de l’argent étranger sur notre sol. En échange d’un faible loyer qui aurait amélioré notre balance des échanges courants, nous aurions gardienné ces dollars, roubles, yens et autres euros, ce qui nous aurait permis de créer de nombreux emplois de services. En plus, cerise sur le gâteau, tous ces dépôts pourraient un jour être taxés à disons 40% au-delà de 100 000 e, une façon indolore, pour nous, de remettre à l’équilibre tous nos comptes sociaux.

Non vraiment, nous faisons vraiment preuve en France d’une légèreté manifeste. Nous avions une nouvelle occasion en or de régler tous nos problèmes et nous l’avons encore une fois laissé passer. En attendant, la France va sûrement être en récession en 2013.
 

Frédéric Bassigny