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juin 2017

Fab-Dis

Une ouverture sur tout le secteur bâtiment

Né dans la filière électrique, le format Fab-Dis qui permet des échanges de données informatisées unifiées entre fournisseurs et distributeurs s’ouvre désormais à de nouveaux secteurs du bâtiment. L’objectif est d’en finir avec la gestion de multiples formats de fichiers de référencements au profit d’un gain de temps, de référencements plus rapides et d’une meilleure valorisation de l’offre auprès du client. Fab-Dis se présente également comme un atout pour accompagner le virage du numérique.

Plus de 500 acteurs de l’approvisionnement du bâtiment, fabricants et distributeurs, utilisent aujourd’hui le format Fab-Dis pour échanger leurs données. Mise en place en 2014 au sein de la filière électrique par l’Ignes (Groupement des industries du génie numérique, énergétique et sécuritaire) et la FGME (Fédération des grossistes en matériel électrique), cette solution est née du constat que les fournisseurs et distributeurs échangeaient des informations entre eux en utilisant leur propre format propriétaire. Plutôt que chacun reste dans sa chapelle, les acteurs de la filière électrique se sont réunis autour d’une table pour établir un langage universel établi à partir de caractéristiques communes, Fab-Dis. 

Conçu dans un souci premier d’efficacité, donc de souplesse et de facilité d’emploi, ce format d’échange de données prend la forme d’un fichier Excel facile à intégrer quelle que soit la taille de l’entreprise, et gratuit d’utilisation. « C’est un format stable et structuré adapté à tout type de métier et accessible sans restriction, sans contrepartie » confirme Vincent Huin, directeur du développement de l’Ignes et animateur de la commission Fab-Dis. « Le processus du ‘‘chacun son format historique’’ s’avère complètement inadapté aux enjeux actuels de productivité et de réduction du temps de mise en marché et complique la gestion de l’information produit. » 

Basé sur huit blocs, dont quatre incontournables, Fab-Dis s’articule autour de 160 caractéristiques liées au produit et à sa mise en marché, permettant à l’ensemble des distributeurs d’avoir un seul type de fichier à traiter et pour les fabricants de fournir des données en s’appuyant sur un seul système. « Avant la mise en place du Fab-Dis, les données fabricant nous arrivaient souvent de manière désordonnée. En fonction des fournisseurs, certains champs pouvaient prêter à confusion. D’un envoi à l’autre, il arrivait que les fichiers aient changé de structure. Il était difficile de déterminer un «mapping » des données qui soit stable dans le temps. Nous devions systématiquement contrôler tous les champs des données entrantes dans notre système » témoigne Bruno Pigueron, responsable workflow de Sonepar France. 

Efficacité commerciale

En tant que véhicule normalisé pour le transfert d’informations, Fab-Dis favorise une relation fluide entre les fournisseurs et les distributeurs. Il permet d’en finir avec la gestion de multiples formats de fichiers de référencements, contenant tous plus ou moins les mêmes informations, qu’il s’agit parfois de recommencer pour se mettre au diapason du format exigé, cause donc de perte de temps et de surcoûts. Les noms des champs étant explicites, les fabricants comprennent plus facilement ce qu’attendent d’eux leurs interlocuteurs de la distribution, au profit d’un gain de temps et d’un risque d’erreur amoindri. « Cette automatisation des tâches à faible valeur ajoutée favorise la montée en qualité des données et la fluidité des transactions avec moins de litiges, moins d’avoirs, et au final plus de qualité sur l'ensemble de la chaîne et des délais de mises en marché réduits » explique Franck Dupin, directeur données et contenu de Rexel et président de la commission FGME.

Chez les fournisseurs, les ressources peuvent ainsi être allouées à l’enrichissement et à la qualité des données plutôt qu’à leur duplication. Ce format unique leur permet aussi de mieux structurer leurs données, sachant que les informations peuvent se trouver un peu partout dans l’entreprise, exploitées dans différents services (marketing, tarifs, logistique...). « Ce format unique est également vertueux pour la compétitivité des entreprises françaises, car il leur permet aussi de progresser en interne, de mieux se structurer » reconnaît Marina Freyermuth, responsable coordination e-business de Delta Dore. Autre conséquence bien concrète pour les fournisseurs, l’efficacité de la transmission des données, communiquées de façon complète, facilite et accélère le référencement des offres, leur mise en marché ainsi que la réactivité des mises à jour, tarifaires et produits. Ceci se fait avec une fiabilité accrue, notamment en ce qui concerne les normes puisque ce format unique prend en compte toutes celles qui peuvent bloquer la commercialisation d’un produit. Fab-Dis pourrait même être une clé pour s’ouvrir les portes des enseignes. « Les systèmes étant compatibles, le fournisseur rentre plus facilement. Les distributeurs peuvent aussi inviter des fabricants à entrer dans la démarche et vice versa » ajoute Vincent Huin.

Capillarité 

D’une cinquantaine d’utilisateurs au départ, Fab-Dis est aujourd’hui adopté par 400 marques, soit 350 fabricants et 150 distributeurs essentiellement dans le domaine électrique, parmi lesquels Algorel, Aubade, Rexel, Socoda, Sonepar, Partelec… mais aussi, depuis un an, par Point.P. « Dans les années 90, la plomberie c’était 15 codes articles... Depuis, les diamètres, la nature des composants, les matériaux se sont diversifiés... Cela représente aujourd’hui plus de 5 000 codes articles.... Dès que l’on sort du produit standard, nous sommes donc amenés à donner de plus en plus d’informations à nos clients. Fab-Dis nous aide à améliorer nos données, à aider les artisans à appréhender des informations complexes de façon efficace, à ne pas rester figé sur ses habitudes » confirme Alain Melliet, chef de service référentiel des articles chez Saint-Gobain Distribution Bâtiment.

Une quinzaine de secteurs d’activité sont déjà représentés, principalement dans la filière électrique. En 2016, les secteurs de la sécurité, de l’éclairage, de la ventilation, des process et réseaux, des ouvrants et du chauffage ont rejoint la démarche. En 2017, l’ouverture devrait s’étendre au sanitaire, au bricolage, à la décoration, aux matériaux. D’autres filières, comme la quincaillerie et la maintenance seraient en réflexion, « l’objectif est de réunir l’ensemble de l’approvisionnement bâtiment ».

Fab-Dis Day

Participant de ce mouvement d’expansion, le Fab-Dis Day organisé le 25 avril dernier a rassemblé quelque 200 professionnels issus des métiers de l’approvisionnement du bâtiment, avec notamment la présence des fédérations membres du CLAB Comité de Liaison Appro Bâtiment (FFQ, FGME, FNAS, FNBM, FND…) et d’entreprises adhérentes à ces fédérations. La moitié des personnes présentes étaient déjà utilisatrices du référentiel, 20% venaient le découvrir et 30% en avaient juste entendu parler. A cette occasion, Fab-Dis a présenté la nouvelle version 2.2 du format d’échange qui sera publiée pour une application au 31 décembre prochain, version qui vient conforter le caractère omnicanal et multi-métiers du référentiel et encapsule les données BIM. Par ailleurs, cette conférence débat a donné lieu à deux annonces supplémentaires avec d’une part le lancement d’une enquête utilisateurs en juin 2017 pour mesurer le déploiement du format sur le marché et recueillir des besoins de précisions ou d’ajustements, et d’autre part la mise en place d’un script de contrôle au second semestre 2017 pour aider les fabricants à se conformer au référentiel.

Ces avancées soulignent le dynamisme et la capacité d’adaptation de Fab-Dis aux besoins des fournisseurs et des distributeurs, comme le souligne Vincent Huin, « Nous devons répondre à deux défis : la diversification des métiers et l’approfondissement de ceux qui sont déjà dans Fab-Dis. Engagés dans un processus d’amélioration continue, nous sommes en passe de réussir le pari d’accompagner l’ensemble de la filière vers la digitalisation. Il s’agit de se mettre en ordre de marche pour choisir plutôt que subir le virage du numérique ».     

 

Un référentiel plus universel 

Prévue pour une adoption définitive avant le 31 décembre 2017, la nouvelle version 2.2 de Fab-Dis accroît l’universalité et l’attractivité du référentiel. 

Elle présente trois améliorations majeures permettent notamment de : 

• Attester et vérifier la conformité des produits aux dernières exigences réglementaires en vigueur, à travers la sélection de 15 réglementations ayant une incidence directe sur la commercialisation des produits et la responsabilité des acteurs ; 
• Mieux répondre aux attentes sectorielles des nombreux nouveaux métiers intéressés par la démarche (génie climatique, électricité, sanitaire, bricolage, décoration, quincaillerie, etc.) ; 
• Faciliter l’exploitation marketing des données sur les différentes publications multicanal (Webshop, ERP, print, applicatifs, etc.) pour éclairer la décision d’achat des clients : règles d’écritures pour les argumentaires produit et mots clés, intégration optimisée de supports multimédias (vidéos, photos, etc.).

 

Un script de contrôle à l’automne

Le format Fab-Dis a été conçu au sein des fédérations FGME (grossistes en matériels électriques) et IGNES (génie numérique, énergétique et sécuritaire) suite à  une décision commune des distributeurs et fournisseurs de ces secteurs. Ce référentiel est téléchargeable et utilisable gratuitement, sans volonté d’instituer des droits accès, afin de permettre son déploiement le plus large possible, déploiement largement encouragé par la distribution, notamment électrique et sanitaire-chauffage.

Au-delà de la constitution d’un fichier de données commun, des besoins se sont fait jour avec en premier lieu, maintenant que le format est stabilisé, la création d’un script de contrôle. En effet, en utilisation standard, l’échange de données par Fab-Dis génère chez chaque distributeur qui le reçoit un rapport d’analyse avec les erreurs à corriger par le fournisseur. Ce processus qui se répète pour chaque distributeur entraîne une déperdition dans les échanges qu’il s’agit de corriger. A cette fin, Fab-Dis a décidé de mettre en place un script de contrôle qui devrait être opérationnel en septembre prochain.

Contrairement au fichier d’échange de données dont la construction a été prise en charge par les fédérations et  qui est disponible gratuitement, le script va faire l’objet d’un développement particulier auprès de prestataires extérieurs et demande un financement particulier. A ce jour, pour que ce financement ne constitue pas un frein, Fab-Dis se dirige vers la création d’ici la fin de l’année d’une association qui sera en charge de porter le référentiel – il est aujourd’hui géré par une commission – dont l’adhésion pour un prix modique donnerait accès au script de contrôle, en plus de participer à l’évolution du format. Pour leur part, les non-adhérents paieraient un prix minime pour l’usage du script. Dans tous les cas, l’idée n’est pas de faire du business sur les datas. Ce serait à l’opposé de la vision de Fab-Dis qui compte au contraire sur la participation maximale de ses partenaires pour faire avancer son projet.

 

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