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septembre 2018

Outilex

Des clés pour s’ouvrir l’export

Fin juin dernier, l’association Outilex a tenu son Assemblée Générale ordinaire 2018 à Villebois dans l’Ain, chez la société Guillet qui fête aujourd’hui ses 375 années d’existence. Bilan de l’année et prospectives ont été au programme de ce rendez-vous qui a également vu les participants visiter l’usine de leur hôte et la centrale nucléaire de Bugey.

Le groupement d’exportateurs Outilex, vingt-et-un industriels du domaine de l’outillage et de l’équipement professionnels soucieux de développer leur chiffre d’affaires à l’international, se réunit cinq fois l’an dont une fois pour son Assemblée Générale ordinaire organisée chez l’un de ses adhérents. Pour 2018, c’est à la société Guillet qu’est échu cet honneur les 21 et 22 juin dernier, une charge dont elle s’est acquittée avec professionnalisme et convivialité, mariant avec bonheur les moments de travail et de loisir, avec notamment au programme la visite d’une centrale nucléaire.

Au-delà de cet aspect organisationnel, ce rendez-vous annuel a permis à l’association de faire le point sur ses dernières actions et de se projeter sur l’avenir avec quelques projets en cours de concrétisation. Elle a également donné lieu à la remise de Clés de l’Exportation qui distinguent les adhérents progressant le plus à l’export.

Stabilité à l’export

Le groupement Outilex rassemble des industriels qui échangent entre eux au cours de l’année et sont prêts à s’entraider pour trouver de nouveaux marchés à l’export. Ils partagent leurs ressentis et informations et communiquent également sous le sceau de la confidentialité leurs chiffres export à la secrétaire générale de l’association Méliné Duchamp qui synthétise ces données pour l’ensemble des adhérents.

Basé sur un échantillon de dix-neuf entreprises sur les vingt-et-une que compte Outilex, le rapport portant sur l’année 2017 a mis en évidence la stabilité du chiffre export des entreprises à 34 millions d’euros avec une part de l’international sur le CA global quasiment équivalente à celle constatée deux ans auparavant à 16,2% (une pointe à 17,2% en 2016) – à signaler que les montants export sont très divers, les proportions allant de 7% à 57% du CA en fonction des entreprises. Hors Dom Tom, les principaux pays clients sont l’Allemagne, la Suisse et la Belgique avec une part prédominante de l’Union Européenne devant l’Europe hors UE et l’Afrique. Les données chiffrées ont été commentées et enrichies par les informations transmises par les adhérents sur leurs marchés export respectifs, adhérents qui ont également profité de ce débat pour donner quelques renseignements sur les évolutions de leurs entreprises.

Ces chiffres ont également permis de décerner aux trois entreprises les plus méritantes à l’export en termes d’évolution et de proportion du chiffre d’affaires les Clés de l’Exportation 2018, avec comme lauréats Boehm pour l’or, Defi et Edma pour l’argent et Guillet pour le bronze.

Salons et inter-coaching

Outre ce point sur les marchés, l’Assemblée Générale a été l’occasion de rappeler les derniers travaux de l’association avec notamment un retour sur les participations groupées à Batimat Paris – et la croisière sur la Seine organisée à cette occasion – et à Eisenwaren Cologne qui se sont révélées très positives. Sur ce sujet des salons, Outilex a prévu de participer au Finnbuild d’Helsinki du 10 au 12 octobre 2018, au Bygg Reis Deg d’Oslo en octobre 2019 et au Batimat de novembre 2019.

En termes de service, Outilex a constitué une base de données clients et prospects pour de nombreux pays et a mis en place d’un système d’inter-coaching qui consiste en une mise en relation directe des membres du groupement avec des distributeurs, introduction privilégiée beaucoup plus favorable à la création de relations commerciales qu’une prospection anonyme. Des ateliers de travail ont permis de mettre en place ce soutien sur une douzaine de marchés et cinq autres zones devraient prochainement être concernées par cette initiative (Espagne, Belgique, Canada, Royaume Uni, Finlande). Par ailleurs, d’une façon plus ciblée, une mission au Maroc devrait être programmée sous la forme d’une visite avec introduction aux distributeurs.

Des informations métier

Ensuite, d’une façon régulière à l’occasion des différentes réunions tenues durant l’année, des intervenants extérieurs sont invités pour traiter de sujets axés export dans un esprit avant tout pratique. C’est ainsi que sur les dernières sessions ont été abordés la Cellule Entreprises des douanes (ou comment faciliter ses déclarations pour les exportations), la préparation d’un dossier de financement d’actions export et un point sur les subventions existantes, l’optimisation des financements publics à l’export, le label « Origine France certifiée », un logiciel de cartographie statistique servant à la gestion d’un réseau de distribution en France et à l’export, les spécificités du marché Suisse ou comment aborder ce pays, etc. Plusieurs sujets à venir ont été proposés durant l’Assemblée Générale.

Outre les services évoqués ci-dessus, Outilex propose un certain nombre de prestations exclusivement réservées à ses membres. Elles prennent la forme d’actions de communication (création de supports), de missions de soutien à la prospection commerciale, de missions ciblées de marketing stratégique et d’études de marchés et font l’objet d’un devis.

Plus d’adhérents pour Outilex

Dans les préoccupations à venir d’Outilex figure également le recrutement de nouveaux adhérents. Un plus grand nombre d’entreprises participantes lui donnerait un poids supplémentaire sur le marché et permettrait d’accroître les moyens mis à disposition pour promouvoir l’export de ses adhérents. Méliné Duchamp et Alain Camarca, président d’Outilex ont d’ailleurs enjoint les membres du groupement à faire preuve d’initiative dans ce domaine pour porter le nombre d’adhérents autour de la trentaine.

Les prochaines réunions Outilex se dérouleront les 21 septembre et 7 décembre prochains à Lyon… avec peut-être de nouveaux venus.    

Frédéric Bassigny

 

Guillet, un industriel de choc

Ayant déjà accueilli l’association Outilex en 2011 et fait l’objet d’un reportage à cette occasion (BBI n°92), l’entreprise Guillet spécialisée depuis sa création en 1643 dans la fabrication d’outils de choc poursuit sans faiblir son aventure industrielle sur son site historique de Villebois. Désormais dirigée par Cédric et Florent Gireau, la société Guillet continue sur la voie tracée par les seize générations de dirigeants précédentes en investissant fortement dans les outils de fabrication, souvent modifiés, afin de produire des outils très qualitatifs correspondant exactement aux exigences et usages des clients finaux, dont des références spécifiques réalisées sur plan. Etabli sur un site unique de 5 400 m2, Guillet fabrique la quasi-totalité de son catalogue de 5 000 références – seulement 2% du CA provient du négoce – et réalise avec son effectif de 28 personnes un chiffre d’affaires de 3,4 millions d’euros dont l’export représente entre 35 et 40%.

Efficience industrielle

Au niveau industriel, tout est fait pour garantir aux clients le meilleur service possible avec un souci constant de la qualité qui peut être illustré par quelques exemples simples. Ainsi, le parc est régulièrement amélioré avec l’adjonction de machines numériques à haute capacité, tel un tour 17 axes capable de réaliser des pièces jusqu’à 6 mètres de long en une seule passe (usinage de la tête, de l’emmanchement, du positionnement des plaquettes, de l’hélice, marquage). Pour éviter tout problème de fabrication et de délai, Guillet dispose souvent de deux machines jumelles afin que l’une prenne le relais de l’autre en cas de panne ou de surcroît d’activité, comme deux fraiseuses identiques positionnée avec l’outillage au milieu ; à noter que l’ordre de fabrication initial comporte la totalité du mode opératoire avec les temps alloués pour chaque étape, et l’estimation du délai final. Tous les outils fabriqués sont trempés dans l’unité de traitement thermique afin de leur donner les caractéristiques techniques et mécaniques spécifiques à leur utilisation, en les rendant plus résistants et plus performants. Certains outils possèdent une pastille en carbure de tungstène adjointe par brasage, opération effectuée de façon manuelle avec une chauffe par induction basse température pour optimiser le résultat par rapport à un brasage automatique au four. La brasure avec un fort taux d’argent, associée à l’utilisation d’une protection anti-oxydante pendant l’opération de brasage et des contrôles, garantissent la qualité de cette phase délicate.

ISO 14001 et OHSAS 18001

Par ailleurs, le cadre de travail est soigné avec des machines placées sur bac de rétention et systématiquement protégées par des transformateurs d’isolement, des tuyaux pour l’eau, l’électricité et l’air comprimé qui passent par le sol et suppriment tout fil pendant en hauteur, un éclairage qui fait la part belle à la lumière naturelle avec des verrières en toiture, une isolation efficace (laine de verre et un mètre d’air emprisonné au niveau des verrières), des plantes vertes positionnées en divers endroits des ateliers. L’entreprise est d’ailleurs certifiée ISO 14001 et OHSAS 18001, normes sur le management environnemental et sur la santé et la sécurité au travail.

Au-delà de ces quelques points rapidement évoqués, de nombreuse autres précisions ont été données par les deux frères Gireau et leur père Louis, qui reste encore impliqué dans la vie de la société, pour faire de cette visite un moment agréable et très instructif pour tous les membres d’Outilex présents.

 

La visite de la centrale nucléaire de Bugey

Organisée à Villebois dans l’Ain avec comme hôte la société Guillet, l’Assemblée Générale 2018 d’Outilex a connu un événement particulier avec la programmation d’une visite guidée de la centrale nucléaire de Bugey.

Après une conférence donnée par une ingénieure sur la technologie nucléaire et l’historique et le développement du site de Bugey, quatre unités d’une puissance unitaire de 900 mégawatts de la filière REP réacteur à eau pressurisée, les membres d’Outilex présents et votre serviteur avons suivi ce guide de haut niveau pour découvrir physiquement plusieurs points de cette centrale qui couvre l’équivalent de 40% de la consommation d’électricité de la région Rhône Alpes (production de 23,9 milliards de kWh en 2017).

La visite a débuté avec la présentation d’une des quatre bases régionales de la Force d’Action Rapide Nucléaire. Créée en 2011 suite à la catastrophe de Fukushima, sa mission est d’intervenir en moins de 24 heures sur les centrales nucléaires faisant face à des incidents graves pour assurer le refroidissement des réacteurs en toute circonstance. Cette force possède des personnels formés au nucléaire – ils alternent cette affectation avec un autre travail sur le site – et dispose évidemment de tout le matériel nécessaire à sa mission (véhicule, eau, air, énergie…).

Nous avons ensuite pénétré dans la tranche 1 de la centrale, partie qui a fonctionné de 1972 à 1994 avec un réacteur de première génération dit à Uranium Naturel Graphite Gaz (UNGG) et aujourd’hui en cours de déconstruction. Ce process se déroule sous haute sécurité avec de nombreux contrôles et retours d’expérience qui serviront à la déconstruction de plusieurs autres centrales de ce type. La structure du réacteur est impressionnante, tout comme le poste de commande auquel on a eu accès avec ses multitudes de boutons et cadrans à aiguille.

Notre troisième destination a été la salle des machines de deux des quatre réacteurs REP, espace non nucléaire où la vapeur mise sous pression actionne les turbines qui entraînent les alternateurs dédiés à la production d’électricité. Petit rappel ici, une centrale nucléaire c’est très simple en soi, cela reprend le principe de fonctionnement de la machine à vapeur de Benjamin Franklin avec de la chaleur qui produit de la vapeur sous pression qui actionne une turbine. Ce qui complexifie les choses, c’est bien sûr le changement d’échelle et la dangerosité des combustibles employés. Cette salle des machines est comme vous pouvez l’imaginer très impressionnante avec une profusion de cuves et d’énormes tubulures – et il y fait assez chaud.

Après un contrôle sur notre taux de radioactivité qui fut négatif, nous sommes ressortis du site assez tôt pour assister à la deuxième mi-temps du match de l’équipe de France de football contre le Pérou, un moment bien moins intéressant à vivre que les deux heures que nous venions de vivre. Mais nos petits bleus se sont bien rattrapés par la suite.

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