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octobre 2017

Les scellements chimiques

La technicité doit monter en charge

Marché mature, les scellements chimiques vendus dans la distribution souffrent de la banalisation de leur principal segment, les résines polyester. Pour valoriser les solutions techniques, à base de résines vinylester et époxy, les fournisseurs cherchent à simplifier leur offre en positionnant les produits selon des niveaux de performances explicites et à rencontrer directement les entreprises utilisatrices sur le terrain, à travers des actions de préconisation et des tournées accompagnées. L’objectif est de contrer le direct qui domine sur les produits à valeur ajoutée.

Utilisés à un moment ou l’autre par tous les corps de métier du bâtiment, les scellements chimiques représentent, en France, environ 20% du marché professionnel de la fixation, soit un chiffre d’affaires de l’ordre de 49 millions d’euros sur lequel s’accordent les leaders du marché. En quantité, cela équivaut à 5 à 6 millions de cartouches commercialisées, toujours dans l’univers professionnel. 

Même si les ancrages mécaniques qu’il s’agisse des chevilles plastiques, nylon ou métalliques, des douilles, des boulons ou des goujons représentent plus des trois quarts des ventes de systèmes de fixation, les scellements chimiques sont aujourd’hui reconnus comme une vraie alternative, grâce notamment à leur polyvalence dans les matériaux pleins et creux et leur capacité à reprendre des efforts importants. 

Bi-composants, ils fonctionnent par l’action d’un adhésif chimique à deux composants (une résine de type polyester, vinylester ou époxy et un catalyseur) scellant ainsi l’élément de fixation, une tige filetée, une douille, un goujon ou un fer à béton. Autrement dit, placée dans un trou préalablement nettoyé, la tige d’ancrage est recouverte par la substance chimique qui adhère au matériau de base et à l’élément métallique inséré par un phénomène de polymérisation dont la durée varie en fonction du niveau de la température ambiante. Cet ancrage, qui ne fait subir qu’une très faible contrainte au support, permet de supporter des charges importantes.

La distribution en prise avec le direct 

Si les données marché sont loin d’être négligeables, elles traduisent cependant une certaine stagnation. Tout d’abord le chiffre d’affaires global est pénalisé par la bataille des prix qui s’opère sur le segment dominant en volume, celui des résines polyester. Ces dernières représentent la moitié des ventes dans la distribution. 

En effet, l’ensemble des volumes ne transite pas par les caisses des revendeurs. La moitié du marché de la fixation chimique à usage professionnel passe par le direct. Au-delà de la tendance traditionnelle des gros faiseurs à s’adresser directement au fournisseur, cette répartition laisse entrevoir une évolution des ventes fort différente en fonction de ces deux grands modes d’approvisionnement du professionnel. La quincaillerie, la fourniture industrielle et le négoce en matériaux - ce circuit étant prépondérant sur l’activité – peuvent certes compter sur l’autre moitié des ventes mais leur offre est centrée sur l’entrée de gamme, compte tenu d’une certaine difficulté à valoriser les produits techniques, contrairement au direct en contact permanent avec les utilisateurs finaux.

Par ailleurs, ce marché mature, sur lequel peu d’innovations majeures sont intervenues ces dernières années, reste figé sur ses applications traditionnelles, la fixation de garde-corps, de stores, de volets, de chauffe-eau et, pour les produits plus techniques, sur l’ancrage de tiges filetées et de fers à béton. Les nouvelles applications qui ont émergé dans le secteur du bâtiment (isolation thermique, panneaux photovoltaïques...) adoptent souvent d’autres modes de fixation. Les scellements chimique se trouvent même parfois concurrencés sur leurs territoires de prédilection comme les matériaux creux avec l’arrivée des chevilles longues en nylon, dotées de performances élevées.

La situation de l’ancrage chimique dans la distribution est d’autant plus critique et mouvementée que de nombreux intervenants opèrent dans cet univers. Si le fabricant allemand Fischer et le Français Spit, dont les scellements chimiques sont produits dans son usine de Valence, dans la Drôme, dominent les ventes passant par la distribution, la concurrence s’est effectivement intensifiée. Au-delà des acteurs présents de longue date sur le marché français comme le fabricant Polonais Rawl Plug ou encore les spécialistes de la fixation mécanique qui ont étoffé leurs gammes de solutions d’ancrages chimiques, des fabricants espagnols et italiens se sont introduits de façon plus récente dans l’Hexagone, sans oublier le développement des produits en MDD chez les revendeurs. 

Polyester, la bagarre 

Côté bataille des prix, tous les regards sont donc tournés vers les scellements chimiques à base de résine polyester. Ils constituent en quelque sorte la « valeur » refuge dans un libre-service où, d’une part, l’artisan a du mal à s’y retrouver tandis que, d’autre part, la densité promotionnelle l’incite à acheter ce produit dans des volumes conséquents. Pour éviter de se battre sur l’entrée de gamme, Fischer ne positionne d’ailleurs plus ses résines polyester dans l’univers professionnel mais uniquement en grand public.

Recouvrant la grande majorité des applications de base, qui ne sont pas exposées aux chocs ni aux agressions chimiques et n’engagent pas la sécurité des individus, ces produits sont donc préconisés dans la fixation de gonds de volets, de stores bannes, de chauffe-eaux, d’antennes-paraboles… Ils sont utilisés principalement dans des matériaux creux, avec un tamis qui vient « verrouiller » la résine. Les notions de viscosité sont donc particulièrement importantes. Si la résine est trop liquide, elle risque de couler à l’extérieur du trou et si elle est trop épaisse, l’utilisateur se fatigue à l’extraire. Appliqué souvent sur des supports en façade, ce produit se décline en différents coloris, avec des tons béton, gris, pierre, blanc... En revanche, dans les matériaux pleins, les résines polyester se font souvent supplanter par des solutions mécaniques. De plus, du fait de la présence d’adjuvants dans les nouveaux bétons, elles peuvent subir un phénomène de fluage, un retrait qui peut détériorer la fixation dans le temps.

Sur cette famille, que l’on retrouve donc entre les mains de tous les artisans, les caractéristiques liées à l’utilisation peuvent évidemment avoir un impact et faire la différence dans une offre foisonnante, comme le temps de prise, la durée de vie du produit entamé, à condition que le critère tarifaire soit respecté. Preuve de cette omniprésence du prix au niveau de la polyester, les produits les plus low-cost, en quête de matières premières à bas coûts, peuvent intégrer encore du styrène, ce solvant nocif et inflammable, identifiable par sa forte odeur, qui a disparu de toutes les formulations des principaux acteurs du marché. 

La polyvalence de la vinylester

Plus performants en termes d’adhérence, les scellements chimiques vinylester jouent la carte de la polyvalence et peuvent être mis en œuvre dans le cadre de fixations structurelles. Du fait de leurs qualités techniques, ils bénéficient effectivement d’agréments techniques, en béton fissuré et béton non fissuré, pour l’ancrage de fers à béton et de tiges filetées. Il existe des versions hiver, avec accélérateur de prise, et été, avec retardateur de prise, pour une application sous de basses ou hautes températures ou une bonne adaptation à des applications nécessitant un temps de polymérisation important, comme par exemple le scellement de fers en grande profondeur. 

Les résines vinylester peuvent être également homologuées pour une utilisation en milieu humide, dans un trou de forage plein d’eau, voire complètement immergé. Elles affichent aussi...

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