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juin 2022

La découpe du carrelage

Le marché voit toujours plus grand

Toujours en forme, le marché du carrelage confirme son évolution vers les grands formats et les produits à forte densité, plus complexes à découper, ce qui impose aux professionnels de réaliser des investissements réguliers dans leurs outils de coupe pour les adapter à leurs chantiers. Ce mouvement nécessite également de la part des marques un accompagnement commercial aux côtés des forces de vente des distributeurs, pour démontrer les atouts de leurs matériels aux clients finaux.

Estimé à environ 100 millions de mètres carrés, le marché du carrelage céramique français semble reparti d’un bon pied en 2022. Après une baisse en 2020 liée au contexte sanitaire mais limitée toutefois à -3,4% grâce au marché de la rénovation (Source : Prometeia pour l’Observatoire prévisionnel de l’industrie mondiale des carreaux céramiques), il est actuellement soutenu par la dynamique du bâtiment et confirme les tendances pressenties ces dernières années, comme l’indique MSI Reports : « l’offre et la demande s’orientent structurellement vers des produits à plus forte valeur ajoutée, tels les grands formats, les produits rectifiés ou encore les carreaux à forte épaisseur à l’extérieur. Les professionnels du secteur témoignent d’une accélération de ce phénomène en 2020. »

Depuis quelques années, les grands formats ont effectivement le vent en poupe, dans les carrelages sol comme muraux. Les carreaux 30 x 30 cm ou 40 x 40 cm tendent à marquer le pas devant les carreaux 60 x 60 cm, le format aujourd’hui le plus prisé, mais aussi les 75 x 75 cm, 80 x 80 cm ou encore 90 x 90 cm, ces derniers étant d’après les acteurs du marché de plus en plus répandus. De grands formats rectangulaires se développent également pouvant atteindre 100 x 320 cm, de même que des longueurs importantes avec l’essor des gammes de carrelage imitation parquets atteignant des dimensions 15 x 60 cm, 15 x 120 cm ou 25 x 150 cm. Par ailleurs, d’autres familles à valeur ajoutée progressent comme les carreaux « slim » souvent de très grands formats et à faible épaisseur (3 à 6 mm contre 8 à 12 mm en moyenne pour les carreaux classiques) qui font fureur dans les douches à l’italienne de l’hôtellerie de luxe ou encore « slab », à forte épaisseur (20 mm), utilisés à l’intérieur comme à l’extérieur. L’engouement est également manifeste pour les carreaux qui arborent des reliefs et des aspects structurés, qui s’inscrivent dans une dimension décorative ou permettent d’éviter les glissades. 

Les compositions des carreaux et les process de fabrication des producteurs de carrelage évoluent aussi vers plus de résistance, donnant la part belle au grès cérame pleine masse, concocté avec des matériaux résistants compactés comme l’argile, le kaolin, des minéraux, et offrant des paramètres de dureté et d’abrasion supérieurs aux autres carreaux. Ces derniers se retrouvent notamment à l’extérieur, sur les terrasses ou aux abords des piscines. 

Suivre les tendances du marché

Forcément, l’innovation chez les producteurs de carrelage a des incidences au niveau des systèmes de découpe : on ne coupe pas de la même façon un carreau de faïence de 40 x 40 cm qu’un produit en grès cérame pleine masse de 90 x 90 cm en 15 mm d’épaisseur. Les solutions de découpe doivent donc en permanence s’adapter à l’évolution des carreaux, au risque sinon de rendre impossible la pose de ces derniers. « Quand on innove, c’est pour subvenir aux nouveaux besoins de coupe ou perçage sur la céramique et la pierre, ou pour le confort de l’artisan » explique Julien David, directeur commercial de Rubi France. Le fabricant espagnol de solutions pour la pose du carrelage, leader du marché français avec l’Italien Raimondi ou encore la société française PRCI, autre acteur référent du marché, travaille ainsi en collaboration avec plusieurs fabricants de carrelage céramique espagnols pour adapter et tester ses systèmes de coupe aux caractéristiques des nouveaux produits. La démarche est similaire chez Raimondi, dont l’usine se situe à Modena, au cœur de la production de céramiques en Italie : « Que ce soit à cause du format ou de la dureté du matériau, le matériel nécessaire pour la mise en œuvre et la découpe de ces carreaux a dû s’adapter. Grâce à notre bureau de recherche et développement et la collaboration étroite avec les fabricants de carreaux, nous avons toujours été des précurseurs pour ce type de matériels. » 

Mais les fabricants de carrelage n’ont pas tous les mêmes recettes et ne se posent pas toujours la question de la mise en oeuvre de leurs produits. « Ce n’est pas nous qui faisons le marché mais les fabricants de carrelage qui nous amènent à faire évoluer nos produits » confirme Bruno Gallard, qui représente la marque Cortag en France. Né de la coupe du carrelage et proposant lui aussi une gamme complète de solutions, le fabricant brésilien, leader dans son pays d’origine et en Amérique latine, s’appuie sur un process de fabrication complètement intégré, depuis la transformation de la matière première jusqu’à la finition du produit, pour réagir rapidement à l’évolution du marché. « Le fabricant d’outillage doit être capable de proposer des outils qui correspondent aux attentes du carreleur. Mais les fabricants de carrelage lancent d’abord des collections et sont surtout animés d’un état d’esprit déco, sans toujours anticiper la technicité de découpe et de pose de leurs produits. »

Evolution du profil du carreleur 

La réactivité est donc de mise pour les fabricants d’outillage et ce d’autant plus que les professionnels de la pose du carrelage doivent disposer des moyens adéquats pour mener à bien leur mission. Opération de finition au sein d’un chantier, la pose du carrelage suppose préalablement une découpe précise, rapide, et propre, avec des risques de reprise, voire de casse, minimisés. Et plus le format est important, plus la nécessité de bien s’équiper s’impose d’autant que le moindre éclat peut coûter cher, les carreaux actuels pouvant se révéler fort onéreux. 

L’équipement varie en fonction du profil des professionnels. Au-delà des carreleurs, les entreprises générales du bâtiment se développent sur cet univers, notamment en rénovation avec des opérateurs qui interviennent sur différents corps de métier. De même, les plombiers posent de plus en plus de carrelage et n’oublions pas les paysagistes pour tout ce qui touche à la terrasse ou à la piscine. « Les entreprises générales du bâtiment ont un équipement de base et ensuite, s’ils doivent réaliser un chantier avec de grands carrelages, ils vont compléter leur équipement. C’est le chantier qui fait l’occasion de s’équiper » indique Olivier Gaillaud, Président de Sidamo.

Trait commun à tous les professionnels amenés à faire de la coupe de carrelage, que l’activité soit quotidienne ou occasionnelle, le coupe-carreaux manuel fait partie de toutes les panoplies. Ainsi, au-delà des deux grands ténors du marché, Rubi et Raimondi, les gammes de ceux qui développent une offre dédiée pour le carreleur, intègrent tous des coupe-carreaux manuels. C’est le cas d’Edma, par exemple, qui propose d’ailleurs des coupe-carreaux conçus en interne, et bien entendu de Sidamo. Fort de son savoir-faire dans le disque diamant, la marque propose aujourd’hui une offre complète pour le carreleur, allant jusqu’au sciage électrique et en passant par la prise en compte des grands formats. 

En revanche, selon la fréquence d’utilisation de l’outil et la diversité des chantiers, le niveau d’équipement diffère, tant au niveau de la performance de l’outil que de l’acquisition de plusieurs types de coupe-carreaux de différentes capacités. Les gammes des spécialistes se caractérisent d’ailleurs par une véritable profondeur de gamme. Si un coupe-carreaux de grande capacité, c‘est à dire pouvant couper des longueurs importantes, peut venir à bout aisément des carreaux de petite dimension, le carreleur, dans les faits, préfère disposer d’un modèle pour les formats courants qu’il pose et d’un autre pour les formats plus conséquents. Ces derniers sont en effet plus lourds et plus encombrants. Cette logique vaut également pour la scie électrique, dont l’équipement n’empêche nullement de disposer de plusieurs coupe-carreaux.

Coupe-carreaux monorail et double-rail

Le coupe-carreaux manuel prend la forme d’une base surmontée d’un guide sur lequel circule un chariot mobile doté d’une tête de coupe équipée d’une molette. Pour effectuer sa coupe, le carreleur fait coulisser son chariot en appuyant la molette de façon à réaliser une trace sur toute la longueur du carreau, une amorce qui entame légèrement le matériau et affaiblit sa résistance sur un axe bien précis. Pour la faïence et les carreaux à faible ou moyenne densité, il s’agit de rayer la surface alors qu’il faut inciser la matière sur une faible profondeur pour ceux à forte densité tels les grès cérame et les carreaux structurés (non lisses). Après cette première phase, avec la patte de casse fixée au chariot, le carreleur effectue une pression symétrique de part et d’autre du trait de coupe pour effectuer la « casse » nette du carreau le long de cet axe. 

Le marquage du carreau est donc une mission importante du coupe-carreaux. Deux grandes catégories de...

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